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Variations de la saisonnalité paléogène en Asie Centrale :
apport d’une géochimie haute résolution sur des coquilles d’huîtres.

Directeurs de thèse : Guillaume Dupont-Nivet et Marc de Rafélis

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Résumé de thèse

Depuis quand le climat asiatique est-il, comme aujourd’hui, caractérisé par une forte dichotomie entre un climat de moussons intenses au sud-est et un climat aride en Asie centrale ? Selon les modèles climatiques, l’installation du climat de mousson asiatique serait expliquée par deux principaux phénomènes géodynamiques : le soulèvement du plateau du Tibet (e.g. Molnar et al., 2010 pour une synthèse) et/ou le retrait de la Parathetys, la mer épicontinentale recouvrant l’Asie au Paléogène (Ramstein et al., 1997 ; Fluteau et al., 1999). Si l’intensification des moussons asiatiques au Néogène, liée à l’influence du soulèvement final du plateau tibétain sur les climats asiatiques, semble faire consensus dans la communauté scientifique, la caractérisation des climats paléogènes est encore peu établie. Ainsi la question de savoir quand cette dualité climatique s’est installée en Asie reste encore ouverte.

Au Paléogène, les reliefs liés à la collision entre les plaques indienne et eurasiatique étaient encore naissant et la distribution entre les terres et les mers très différente de l’actuelle. Notablement, une vaste mer épicontinentale et peu profonde (la Proto-Paratethys) s’étendait à travers l’Europe et l’Asie Centrale. À la fin du Paléogène, la Proto-Parathetys se retire de l’Asie Centrale, et les hautes topographies asiatiques se mettent en place. Parallèlement, la période du Paléogène est riche en événements climatiques globaux dont les impacts en Asie sont encore mal documentés et peu compris. Parmis ces changements globaux on recence des évènements chauds tels le Paleocene Eocene Thermal Maximum PETM à 55.5 Ma,le Early-Eocene Climate Optimum à 50 Ma, ou encore le Mid-Eocene Climate Optimum MECO à 39 Ma. Ces derniers sont devenus le centre d’intérêt des paléoclimatologues car leur étude permet de comprendre leurs possibles causes et contraindre les modèles climatiques dans un système à haut taux de CO2.

Dans ce contexte géodynamique et paléoclimatique, mon travail de thèse a cherché à caractériser les fluctuations à haute fréquence du climat en Asie Centrale afin de comprendre l’évolution de la saisonnalité au cours du Paléogène, et plus précisément pendant la période de l’Éocène (-55 à -34 Ma). Pour cela une approche originale utilisant une méthode géochimique multi-proxy sur des coquilles d’huîtres a été établie. Grâce à l’apport de l’analyse incrémentielle de marqueurs élémentaires et isotopiques sur les coquilles nous accédons aux variations saisonnières de la température et de la salinité de l’eau de mer. Ceci nous permet de mieux cerner les bilans hydriques et thermiques à l’échelle de l’année et ainsi de caractériser le climat d’Asie Centrale à très haute résolution. Combinant cette approche géochimique avec une étude sédimentologique et une étude numérique à plus grande échelle, cette thèse cherche à mieux caractériser le climat régional et notamment le système de moussons asiatiques au cours du Paléogène.


Dernière mise à jour : 23 août 2019

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